Comment construire une posture professionnelle solide ?
- Clotilde Darmon

- 6 nov. 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 nov.

Sommaire :
Introduction
Beaucoup de dirigeants et de managers partagent ce constat : il n’est pas toujours simple de tenir une posture professionnelle solide face aux tensions, aux urgences et aux regards croisés — ceux de la direction comme de ses équipes.
Dans ces moments, l’instabilité émotionnelle prend souvent le dessus. Nous réagissons alors avec notre intimité plutôt qu’avec notre posture : une parole qui nous échappe, un ton qui se crispe, un geste qui traduit l’agacement. Ces sorties de posture brouillent la perception de notre autorité, fragilisent la confiance de ceux qui nous entourent, et nous laissent souvent avec une impression de perte de contrôle.
La posture professionnelle n’est pas seulement un attribut visible. Elle a aussi une vertu protectrice : elle sert de pare-feu émotionnel, permettant de rester ancré, clair et crédible même lorsque tout vacille autour de nous.
1. Définir la posture professionnelle au-delà des apparences
1.1 Une question d’ancrage, pas seulement d’image
On confond souvent posture professionnelle et « bonne présentation ». Certes, l’apparence, le langage corporel et la communication verbale en sont des facettes visibles. Mais une posture solide ne se réduit pas à un costume impeccable ou à une poignée de main assurée.
La posture professionnelle est avant tout un cadre intérieur. Elle réside dans notre capacité à choisir ce que l’on laisse paraître, ainsi qu’à réguler la manière dont nous l’exprimons.
En d’autres termes, travailler sa posture, c’est apprendre à ne plus se sentir dominé par ses émotions et à ne plus y réagir instinctivement.
1.2 Posture vs masque
Tenir sa posture ne signifie pas “jouer un rôle” ou cacher ce que l’on ressent. Il ne s’agit pas de mettre un masque artificiel, mais d’ajuster la manière dont nos émotions se traduisent dans nos comportements.
👉 Exemple : un manager peut ressentir de l’agacement en réunion. S’il sort de posture, il réagit sèchement et s’expose. S’il tient sa posture, il reconnaît la tension mais garde une voix posée et ramène l’échange sur l’objectif commun.
2. Pourquoi sort-on de sa posture ?
Aucun manager, aussi expérimenté soit-il, n’est à l’abri d’une sortie de posture. Ces moments de déstabilisation ne sont pas des accidents isolés : ils disent quelque chose de notre manière de fonctionner sous pression.
2.1 Les déclencheurs fréquents
Le regard hiérarchique : peur de ne pas être validé, sentiment de mise à l’épreuve.
Le regard des équipes : peur de perdre la confiance ou d’être contesté.
Le conflit ou la critique : impression d’être attaqué personnellement.
L’urgence et la surcharge : perte de clarté, débordement émotionnel.
2.2 Les mécanismes émotionnels sous-jacents
Besoin d’être aimé → complaisance, justification excessive.
Besoin de contrôle → rigidité, autoritarisme.
Peur du jugement → sur-réaction ou inhibition.
Perfectionnisme → tension, insatisfaction chronique.
Ces déclencheurs et mécanismes sont le terreau des sorties de posture. Les voir clairement permet déjà de comprendre pourquoi, dans certaines situations, nous laissons nos émotions décider à notre place.
👉 Exercice : repensez à trois situations récentes où vous avez “perdu votre posture”. Qu’est-ce qui a déclenché la réaction ? Quelle émotion parlait à votre place ?

3. Les fragilités révélées par les sorties de posture
Sortir de posture n’arrive pas par hasard. Cela met en lumière ce qui, en nous, est le plus exposé.
3.1 Fragilités typiques
Face à la hiérarchie : besoin de reconnaissance, peur de l’autorité.
Face aux équipes : peur de ne pas être à la hauteur, difficulté à assumer son rôle.
Face aux tensions : confusion entre rôle et personne, débordement émotionnel.
3.2 Conséquences
Pour les équipes : insécurité, perte de repères.
Pour la hiérarchie : doute sur la fiabilité du manager.
Pour soi-même : perte de confiance, culpabilité.
Quand ces fragilités apparaissent, elles ne se contentent pas de fragiliser une relation : elles minent aussi notre confiance intérieure. Reconnaître les situations où nous perdons pied, c’est se donner les moyens de réajuster et de reconstruire.
👉 Exercice : décrivez une situation où vous avez réagi trop personnellement. Qu’est-ce que cela a révélé de vos fragilités ?
4. La vertu protectrice de la posture
Votre posture professionnelle est une protection, autant pour vous que pour les autres.
4.1 Un pare-feu émotionnel
Elle permet de contenir ce qui déborde. Tenir sa posture, c’est garder la maîtrise de soi pour ne pas être emporté par la colère, l’anxiété ou la peur. Si vous ressentez de la colère, vous la transmettez, si vous ressentez de l'anxiété, vous la transmettez, et si vous ressentez de la peur vous la transmettrez.
4.2 Un repère collectif
Elle crée de la sécurité autour de soi. Pour les équipes, un manager qui garde sa posture devient un point fixe dans le tumulte. Pour la hiérarchie, il incarne fiabilité et maîtrise.
Tenir sa posture, ce n’est pas s’endurcir, mais se donner et donner un cadre qui rassure.
👉 Micro-pratique : avant une réunion tendue, prenez une minute de silence, respirez profondément et formulez intérieurement : “Mon rôle est de donner un cadre clair.”
5. Construire une posture solide au quotidien
Renforcer sa posture ne dépend pas de grands changements soudains. Ce sont les pratiques répétées qui, peu à peu, font tenir debout même sous pression.
5.1 Quel manager, directeur ou collaborateur voulez-vous être ?
C’est peut-être l’exercice le plus important : comment incarner quelque chose si, avant toute chose, vous ne savez pas quoi ? Comme je le dis — ou l’écris — souvent, tout part de vous, et non des autres. De l’intérieur vers l’extérieur, et non l’inverse.
La première question à se poser est donc : Quel manager, directeur ou collaborateur ai-je envie d’être ?
Laissez parler votre expérience des autres. Si vous êtes en responsabilité aujourd’hui, vous ne l’avez pas toujours été.
Vous avez, tout au long de votre carrière, rencontré des personnes qui vous ont inspiré, et d’autres qui vous ont insécurisé, blessé ou diminué.
De tous ces comportements que vous avez croisés, lesquels font du bien ?
Lesquels sont déplacés ?
Fiez-vous à votre ressenti. Devenez le manager, le directeur ou le collaborateur avec lequel vous rêveriez de travailler.
Faites ce travail à l’écrit : dans la tête, ça ne fonctionne pas.
5.2 Hygiène émotionnelle
Sans espace pour déposer nos émotions, elles finissent par déborder. Coaching, supervision, écriture, sport : il faut trouver des lieux où elles peuvent circuler.
5.3 Alignement éthique
Quand nos décisions reposent sur nos valeurs, elles tiennent mieux, même dans la tempête.
5.4 Rituels de recentrage
Respirer avant de répondre, reformuler avant de contredire, marquer un silence avant de décider. Ces gestes simples permettent de garder l’autorité sans crispation.
👉 Exercice : choisissez un rituel de recentrage que vous vous engagez à pratiquer trois fois par jour pendant une semaine. Observez l’effet sur votre posture et sur vos interactions.
6. Quand la posture se fissure : comment réparer ?
Sortir de sa posture arrive à tout le monde. L’important n’est pas d’éviter chaque faux pas, mais de savoir réparer rapidement.
Étapes simples :
Reconnaître sans excès : “J’ai réagi trop vite, reprenons calmement.”
Revenir au cadre : “Recentrons-nous sur l’objectif.”
Clarifier : transformer la tension en apprentissage partagé.
Ce qui rétablit la confiance, ce n’est pas la perfection, mais la capacité à corriger le tir avec justesse.
👉 Exercice : après une sortie de posture, notez ce qui vous a déclenché. Quelle alternative aurait renforcé votre crédibilité ?
7. La posture comme construction continue
La posture professionnelle est un travail sans fin. Elle se construit par couches successives, à travers les expériences, les succès comme les échecs.
Elle se fragilise si on ne l’entretient pas.
Elle se renforce par la conscience et l’entraînement.
Elle évolue avec le temps et le feedback.
👉 Exercice : chaque vendredi, notez une situation où vous avez tenu votre posture malgré la tension. Reconnaissez ce succès et demandez-vous ce qui vous a aidé à rester ancré.
Conclusion : un ancrage, pas un masque
Tenir sa posture professionnelle en période de tension n’est pas une question d’apparence. C’est une construction intérieure qui protège, inspire et crédibilise.
Elle ne demande pas de masquer ses émotions, mais de les apprivoiser pour rester clair et solide. Elle ne demande pas la perfection, mais une vigilance constante, des ajustements et parfois le courage de réparer.
👉 Question finale : La manière dont je réagis aujourd’hui construit-elle la crédibilité que je veux incarner demain ?
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà vécu ces moments où votre posture vacille sous la pression ? Comment les avez-vous traversés ?
Je serais ravie de lire vos retours en commentaire et d’échanger autour de vos expériences.
Clotilde Darmon

Et si vous souhaitez aller
plus loin et travailler sur
votre posture professionnelle.
Je suis à votre disposition, ensemble, nous pouvons
identifier vos points forts,
explorer les domaines à améliorer, et créer un plan d’action concret
pour vous aider à atteindre vos objectifs professionnels.
Si tel est votre objectif, nous pouvons en discuter lors d'un RDV de contact. Ce qui nous permettra de faire le point sur vos attente et besoins.



Commentaires